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   L'aven Reich à Saint-Vallier-de-Thiey

                                             (AIpes-Maritimes)

Spelunca N°71 3ème trimestre 98, pages 46 à 48.

Cette cavité, explorée depuis le début des années 80, jonctionne avec l'aven des Audides depuis 1994. Cet ensemble, ainsi que l'aven Saint-Joseph (-240 m; 4 717 m) et l'aven de l'Air chaud (-180 m; 1 600 m), montre qu'il y a encore beaucoup à découvrir sous le plateau de Saint- Vallier-de-Thiey et on peut raisonnablement penser qu'on a là quelques pièces du puzzle qui constituera le vaste ensemble dont la source de la Foux et la grotte de Pâques (Saint-Cézaire) sont l'aboutissement.

Situation
Carte de l'institut géographique national à 1/25000 Grasse n°3643 ouest. X- 964,362 Y 162,427 Z 638.

Sur la route départementale n°4 de Cabris à Saint-Vallier-de-Thiey, quartier de l'Hubac des Audides, propriété de la famille Reich. La cavité s'ouvre dans le parc de la propriété. Pour tous renseignements concernant l'accès à l'aven Reich: M. Herbert Reich, Hubac des Audides, 06460 Saint-Vallier-de-Thiey, tél.04934264 15.
 

Historique des explorations
Cavité désobstruée et élargie par le propriétaire, Herbert Reich, qui cherchait de l'eau pour son terrain. En 1 981, avec deux membres de l'Association spéléologique grassoise, il atteint la grande salle. Dans les années qui suivent, ont lieu des tentatives d'élargissement dans les blocs à la cote -55 m (M. Giraud: Spéléo club de Vallauris).

En 1994, reprise des travaux par l'Aven club de Grasse qui "ouvre" un passage entre les blocs (zone sud de la Grande salle). Fin mars, en collaboration avec le Spéléo-club du Var, la Grande galerie est atteinte et le sommet d'un puits stoppe les explorateurs (20 mars). Puis la jonction avec l'aven des Audides est réalisée à la cote -152 m par rapport à l'entrée des Audides (22 mars). Au cours de l'été, le Spéléo-club du Var reprend la topographie intégrale de l'aven Reich.

En 1995, le Spéléo-club du Var réexplore la zone nord de la -80 Grande salle. La cote -98 m est atteinte à travers les blocs. En septembre. au cours de la topographie de la zone sud, une salle annexe est découverte (cote -71 m). En 1996, après désobstruction à la cote -98 m (zone nord), le Spéléo-club du Var gagne quelques mètres jusqu'à un interstrate où se perd un ruisselet (cote estimée -104 m). Plus d'une dizaine de seances sont consacrées à "améliorer" le passage jusqu'à la Grande galerie (stabilisation des zones instables, réduction d'étroiture semi-noyée, etc.).

Description sommaire De l'entrée à la Grande salle

Entrée de 0,4 x 1,4 m, suivie d'une série de ressauts "élargis" 5, 7 et 2,5 m, pour atteindre la salle du Robinet (-16 m).

Au nord-ouest de la salle du Robinet, après un premier boyau arrivant de la gauche, une courte descente donne perpendiculairement sur un conduit impénétrable rapidement vers I' aval (colmatage, courant d'air intermittent), tandis que vers l'amont, on progresse d'une cinquantaine de mètres (boyau des Silex).

Au nord-est de la salle du Robinet, on trouve un ressaut de 3 m (attention à l'éboulis instable) au bas duquel un passage bas long de 14 m conduit au sommet d'un puits de 4 m. Il est à noter que ce secteur s'ennoie en régime de crue.

À la base du puits de 4 m, vers l'ouest, après un nouveau passage bas, on arrive dans une diaclase : puits de 8 m, balcon suspendu qui débouche dans la Grande salle dont on atteint le sol par un puits de 31 m (-65m). Tout le sol de la Grande salle est encombré de blocs. Deux passages ont été découverts entre ces blocs: l' un au bas de la corde (zone nord), l'autre à la partie la plus éloignée de la corde (zone sud).  

Zone nord de la Grande salle

De la cote -65 m, le cheminement entre les blocs est labyrinthique. Il est ponctué de ressauts et d'étroitures pour arriver à -98 m, où on retrouve une des parois. En descendant le long de celle-ci, un ressaut de 3 m désobstrué conduit à un interstrate bas où se perd un ruisselet. Il est fort probable que cette circulation d'eau (profondeur estimée de -104 m) soit celle que l'on retrouve dans la Grande galerie (zone sud). La proximité topographique et la présence de galets foncés et de débris végétaux similaires en ces deux endroits le laissent à penser.

Zone sud de la Grande saIle

Du bas de la corde du puits de 31 m, il faut traverser la Grande salle pour atteindre une dépression au milieu des blocs (-55 m). La descente entre les blocs est marquée par deux ressauts de 3 m avant de rejoindre un court méandre (-71 m).

Vers le sud, on progresse de quelques mètres jusqu'à une salle.

Vers l'ouest, on atteint une autre salle (circulation d'eau fréquente) comportant des remontées qui rejoignent vraisemblablement la Grande salle. De cette salle, un conduit bas oblique ensuite vers le nord pour arriver à une  nouvelle petite salle (-78  m).Attention cette partie de la cavité comprend des blocs instables et un boyau particulièrement "aquatique" dont le franchissement peut s'avérer problématique en cas de crue.

De -78 m, on descend de nouveau dans les blocs jusqu'à -95 m. Là, on retrouve une paroi : ressauts de 3 et 4 m, court passage horizontal puis remontée dans les blocs, ce qui permet d'accéder au plancher d'une nouvelle petite salle (-99 m). Un plan incliné argileux suit il débouche dans la Grande galerie, à 107 m de profondeur.

Vers le nord - nord ouest. l'amont de la galerie se termine sur un colmatage argileux après une vingtaine de mètres.

Vers le sud, à une dizaine de mètres, on descend pour rejoindre un ruisselet qui arrive du nord et qui est vraisemblablement l'écoulement que l'on voit se perdre, à -104 m. dans la zone nord.

Si l'on reste dans la Grande galerie, on avance d'une trentaine de mètres pour atteindre un plan incliné. Le bout de la galerie se trouve à 45 m (arrèt sur colmatage à -96 m).

À mi-pente du plan incliné, sur la gauche, un passage entre des blocs donne sur une pente qui rejoint la circulation d'eau citée précédemment. En fait, ce conduit actif constitue un surcreusement de la Grande galerie, on le retrouve entre des blocs, au niveau de plusieurs entonnoirs dans le plancher de la Grande galerie.

À la cote - 115 m on arrive au sommet d'un puits de 10 m. Au bas de ce puits, vers le sud, une petite arrivée d'eau se présente (arret sur étroiture).

Vers l'est, on suit le cheminement de l'eau. Un virage à gauche débute une descente dans le sens du pendage. Puis un nouveau virage à droite donne sur un conduit bas encombré de blocs par endroits.

On atteint alors une partie où le plafond s'ouvre sur une salle supérieure. De ce point, on progresse dans une galerie (dont le plafond comporte quelques départs) sur environ 40 m (-130 m). Un court laminoir interrompt ce conduit qui reprend aussitôt après la même morphologie largeur de 3 à 5 m, plafond à 3 m, remplissages d'argile sur les côtés, ruisselet sinueux ayant formé plusieurs vasques. Après avoir parcouru encore une quarantaine de mètres depuis la cote -130 m, on arrive à un passage ébouleux qui barre la galerie (-132 m).

Sur une vingtaine de mètres, le plafond et la paroi droite de la galerie sont un amas de blocs - parfois très instables - à travers lesquels on se fraie un chemin (on retrouve parfois le plancher où coule l'eau. parfois il faut monter dans les blocs). On parvient alors à un point où l'on rencontre, en bas vers le sud, un laminoir long d'environ 7 m où coule l'eau, qui permet de retrouver le terminus des Audides (jonction) à la cote - 134 m. La jonction peut aussi se faire à droite au-dessus du laminoir en poursuivant entre les blocs.

Tout au long de la progression, de 127 m de profondeur au point de jonction, on trouve des brindilles, des feuilles et des morceaux de branches jusqu'à 3 m de hauteur...  

Spéléomètrie

Aven des Audides

Développement : 1 100 m (dont 1 020 m topographiés).

Profondeur -186 m.

En réalité, la cote devrait etre - 1 80 m. En effet, la topographie a été reprise et poursuivie sur la base de la cote -60 ru au bas de la partie aménagée pour la visite.

Cette cote "historique" et  "publique", puisque donnée dans le commentaire de la visite, nous semble surestimée* : lors d'un relevé de contrôle pour la réalisation de la synthèse topographique, nous avons trouvé -54 m. Ce qui fait donc une cote de -146 m (au lieu de -152 m) pour le point de jonction avec l'aven Reich, soit la cote -134 m rapportée au zéro de ce dernier.  

Aven Reich

Développement: 868 m (dont 708 m topographiés).

Profondeur: -134 m (cote de la jonction avec l'aven des Audides).

Le réseau aven des Audides - aven Reich a un développement total de 1 968 m (dont 1 628 m topographiés).
 

Traçage

Le 18novembre 1996 à 12h,  10kg de naphtionate sont versés (dilution) dans le ruisseau au bas des escaliers de l'aven des Audides (cote -60 m).

Le suivi du traçage a été effectif pendant deux mois aux sources de la Manuele, des Tuves, des Gourgs, des Veyans et à la Foux de Saint-Cézaire. Le traceur (incolore) n'a été relevé qu'à la Foux avec une forte concentration entre le 19 novembre à 9 h et le 21 novembre à 5 h (échantillons d'eau prélevés automatiquement), - avec une teneur moindre au-delà et jusqu'au 22 novembre à 1l h (surveillance par capteurs au charbon actif). Lors des traçages, la Siagne et les exutoires karstiques étaient en crue sensible la Foux, en particulier, présentait alors un débit de 1 750 l/s. Les vitesses de transfert du traceur sont élevées avec, pour une distance à vol d'oiseau de 7 750 m, une valeur de pointe de 370 m/h pour les premières arrivées et 230 m/h en moyenne pour le pic de restitution (d'après le compte rendu de Christian Mangan, aimablement communiqué par la famille Reich).

Alain Franco
 

*N.D.W. (Note du Webmestre) : La cote -60m n'est pas l'endroit où l'on s'arrète physiquement mais le niveau que l'on voit à ce moment-là.